1949
Le Troisième homme

de Carol Reed
(G.Bretagne)
Zoom sur l'année 1949
Les Prix et Jurys

Le Troisième homme est un thriller politique noir qui prend place dans l’après-guerre Viennois divisé entre les quatre sections alliées gouvernantes (France, Russie, Angleterre, Amérique). Bien que le contexte politique soit plutôt utilisé comme toile de fond, il dessine les personnages et constitue une représentation relativement exacte des intrigues internationales entourant cette période de l’histoire.

Un écrivain américain de westerns, Holly Martins arrive à Vienne après une offre d’emploi de son ami de collège Harry Lime. Il apprend que son ami a été tué dans un accident de voiture. Guère convaincu par le rapport de police, il reste à Vienne afin d’explorer les étranges circonstances entourant la mort de son ami. Dans la première heure du film, Martins rencontre les principaux personnages, dont la petite amie de Lime, Anna, des témoins de l’accident et le major de police Calloway (un élément narratif important de Citizen Kane). Tout d’abord sceptique, il commence peu à peu à accepter la dure vérité sur la personnalité d’Harry Lime, trafiquant de pénicilline diluée (ce qui aurait causé la mort de plusieurs enfants malades). Soixante cinq minutes plus tard, Harry fait une apparence dramatique, sortant des profondeurs obscures de Vienne. Les quarante minutes restantes mettent l'emphase sur les efforts de la police à persuader Holly de devenir un informateur et de les aider à capture le mythique Harry Lime.

Le Troisième homme reflète l’atmosphère politique variée ainsi qu’un remarquable cosmopolitisme. Le film est un des premiers exemples de collaboration internationale réussie avec l’Angleterre (Carol Reed, Graham Greene, Alexander Korda Trevor Howard), l’Australie (Robert Krasker), les Etats-Unis (Joseph Cotton, Orson Welles, David Selznick), l’Italie (Alida Valli, Dario Simoni) et peut-être l’un des personnages les plus important, Vienne (Autriche) elle-même. Les quatre pôles d’occupation de Vienne sont montrés selon un point de vue anglais très marqué. Harry Lime, dont on ne sait pas la nationalité, vit selon un code d’individualisme absolu. Dans ces courts moments à l’écran, Welles qui écrivit la plupart de ses dialogues, laisse une impression de diable séducteur. Ainsi, même en connaissant les conséquences de la pénicilline diluée, certains personnages lui restent fidèle. La tchécoslovaque Anna, encore amoureuse de lui, l’américain Holly à cause d’une amitié de vingt ans et ses associés autrichiens et Russes pour des raisons d’argent. Seuls les anglais résistent à la tentation du diable.

Le Troisième Homme est un bel exemple de film noir anglais. Carol Reed utilise des touches de visuels gothiques par des ombres inquiétantes, et une brume mystérieuse qui nous fait apparaître Vienne comme un sinistre labyrinthe. Le physique de Lime et son positionnement géographique dans les cadres peut être vu comme une réflexion de sa philosophie morale Nietzschéenne. Dans plusieurs scènes clés, Lime est en hauteur comme dans la scène de la grande roue et plus tard lorsqu’il apparaît au sommet de la montagne de décombres. Il est plus tard réduit à se cacher comme un rat dans le système d’égout de la ville. Cette fin , avec Lime poursuivit avec fureur de toutes parts rappelle étrangement la scène de poursuite de M le maudit (une autre référence à M le Maudit est faite avec le vendeur de ballons aperçu à la fin du film).

Le Troisième Homme est un film dont certaines scènes restèrent très marquantes pour le public, mais le plan final, où la caméra reste statique durant soixante-dix secondes sur une allée bordée d’arbres où Anna Schmidt marche en direction de la caméra et passe devant Holly Martins, est sûrement celui dont tout le monde se souvient. Graham Greene voulait que le film se termine sur une note de gaieté avec Anna enlaçant Holly. Heureusement, c'est la fin pessimiste du film, tel que le voulait Reed, qui l'emporta.

Donato Totaro
traduit de l’anglais par
Armelle Bayou


[Index] [Actualités] [Films & Sélections]
[Interviews] [Destination Cannes] [50 Festivals]


© Volute productions 1997
© Hors Champ 1997