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Conférence de presse Nil by Mouth - Gary Oldman - 8 Mai 97
Luc Besson rentre en dernier, avec ses lunettes noires. Il tentera de se remettre de sa gueule de bois pendant cette heure de conversation pas très secrète. La veille, l'équipe fêtait en toute intimité (c'est à dire 3000 personnes) la première du 5ème élément, avec Gary Oldman.
AUTOBIO
L'acteur passe donc à la réalisation avec Nil by Mouth (Ne pas avaler).
Et c'est fortement autobiographique car " composer, jouer, écrire provient toujours d'une partie de soi. Cest une histoire très personnelle ". Même si là il a été très loin: " Oui, il s'agit de mon père, de mon environnement familial. C'est relié à mon père, à mon beau-frère, à mes neuveux, à moi. C'est beaucoup de moi. Chez moi, j'étais comme la mouche sur un mur, durant les conversations. Je ne faisais que regarder ce qui se passait. "
Tellement autobio que ce film noir sur la misère londonnienne, la drogue et le désespoir reflète des moments vécus par la star.
" La voix de la mamie qui chante est celle de ma mère. Il y a de nombreux éléments personnels dans ce film : Le pub du speech " Nil By Mouth " est celui où mon père avait l'habitude d'aller. je pense que l apersonne qui s'occupait des lieux de tournage a eu un boulot très facile. On devait aller là et là là. "
REALISATEUR
Le film a été tourné à Londres : " si je devenais réalisateur, je devais retourner à Londres, en Angleterre. Je devais être honnête. Beaucoup de ma vie s'est déroulée en Amérique. 10 ans à New York, puis Los Angeles, le soleil... "
Et justement il voulait être réaliste. " Je ne voulais pas de soleil dans mon film. Je ne cherchais aucun effet brillant, rien de joli. Je préférais les gros plans sur les visages que les plans larges. "
Son premier travail fut avant-tout d'écrire son film: " Je le voyais en même temps. C'était dans ma tête. J'avais une idée très spécifique de ce que je voulais tourner. C'est totalement abstrait, tout était là haut (il montre sa tête), comme une vidéo branchée sur votre cerveau. "
Sur ce nouveau métier, il semble très passioné, même si l'on sent la fatigue et les contraintes qu'il a subit.
" Ce que j'aime dans la réalisation c'est que je peux porter mes propres vêtements. Sinon, c'est comme un tunnel, un long coma. On dort et on vit avec son film. C'est très stimulant. "
Il n'avait pas forcément envie de faire la publicité autour de la dope, notamment. Oui il s'est drogué (" extasy ") , oui il fait une cure de " re-hab ", oui il est devenu " clean ".
Le film devait avant tout montrer une réalité (comme au temps de Dickens) : " je crois qu'il y a beaucoup de politic dans le film. Mais je voulais éviter qu'il soit didactique. Je voulais un film axé sur les gens, les sentiments. "
L'une des vedettes du film, Ray Winston exprime sa vision de la politique àa cette occasion : " La politique ne peut pas aider des gens comme ça. Ils s'aident entre eux. Ils deviennent une famille. "
ACTEURS
Les acteurs ont interprété avec justesse cette famille de rôles marquants, violents : Ray est un homme marié, alcoolique, drogué, loubard, qui bat sa femme. Et qui cache un manque terrible de calins.
Le comédien Ray Winston - le premier à avoir lu le script - a d'ailleurs trouvé " génial " ce personnage. " Il l'aimait et il le voulait ".
Même si lui sur un plan personnel n'a jamais connu une telle " violence. J'ai grandit dans une famille avec une bonne mère et un bon père. Bien sûr cela rend les choses plus faciles de connaître Cathie Burke (celle qui joue Valérie, sa femme) pour ces scènes où je la bats ".
Gary Oldman explique d'ailleurs qu'il a recruté chaque rôle au cas par cas. Pour le rôle du jeune fils, Billy (Charlie Creed-Miles), il a été dans une école de théatre, où il faisait un numéro d'improvisition. Cathie (Val) était une connaissance de Oldman : " j'avais travaillé avec elle ". Apparemment une des expériences les plus enrichissantes de leurs vies pour ces acteurs.
BESSON-PRODUCTEUR
Là où le jeu devient amusant c'est lorsque le producteur Luc Besson avoue avoir récupéré Charlie Creed-Miles dans le 5ème élément (il y est David).
Besson justifie son entrée dans la production de ce film par sa relation avec Gary Oldman (qui était acteur dans deux de ses films : Léon et Le 5ème élément) : " Moi Gary, je l'aime énormément. Les acteurs se soucient avant tout de leur image. Lui il est généreux, il était prédestiné à la mise en scène. Il regardait toujours les mises en place des caméras. En plus, les acteurs sont merveilleux. "
Quant au sujet, il se justifie : " Vous savez les gens fuient par divers moyens : certains prennet un verre, ou deux bouteilles, ou une bouteille de plongée.... "
CLAP DE FIN : ORIGINES
La violence qu'on y voit, ce déclin social, tous ces thèmes que l'on retrouve chez d'autres de ses collègues compatriotes, " ce n'est pas nouveau : il y certainement une tendance mais elle n'est pas qu'actuelle. Tony Richardson a traité ces thèmes. Et Roman Polanski a été un artiste qui a su très bien saisir la violence. "
Mais Gary Oldman n'a montré la violence que parce qu'elle appartenait à son enfance, et même au-delà.
Les origines de ce film ont pour source " les pêchés du père. Et ce que j'essaie de faire, durant toute ma vie, c'est : casser ce cycle héréditaire ."
V.C. Thomas
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