Conf' de presse : "La Femme Défendue" de Philippe Harel
- 13 Mai 1997 17.30

La femme défendue est le deuxième film français présenté à ce festival en compétition.
Présents à la conférence, Philippe Harel, réalisateur et " comédien ", Eric Hassous, scénariste et dialoguiste et biensûr Isabelle Carré (Elle) qui a indéniablement réussi son baptême à Cannes, vu les chauds applaudissements qui l'accueillent et la font doucement rougir.

La première question n'est pas une surprise. Il était évident que le choix de Philippe Harel pour la caméra subjective (la caméra EST le regard de l'acteur, on ne le voit donc jamais ou très peu) intrigue énormément.
Cela a pris plusieurs mois après avoir lu le scénario, et finalement c'est l'écriture qui a imposé le procédé.

Isabelle Carré n'a pas hésité pour accepter le défi (presque 2 heures seule devant la caméra), j'ai adoré le scénario, on ne peut pas refuser ça ! J'ai eu des doutes après, des doutes sur mes capacités à moi de faire quelque chose comme ça mais ça s'est calmé. On a beaucoup répété ensemble sans caméra et ensuite je jouais devant la caméra avec cette " mémoire ", plus le miroir " magique " !
Philippe Harel nous explique que pour éviter une trop grande " solitude " à l'actrice, il a utilisé un miroir sans tain avec l'objectif à la hauteur du regard d'Isabelle. Tous les sons ont été pris en direct, je tenais mon rôle en même temps qu'elle. Il n'y a eu aucune improvisation.

L'histoire de La Femme défendue est très intimiste, on ne voit que leur relation, tout leur quotidien est volontairement gommé, Eric Hassous précise que justement cela a permit de se rapprocher au plus près de la relation adultérine et que c'était de cela et pas autre chose dont il voulait parler. En cela, la réalisation de Philippe Harel lui a entièrement restitué visuellement ce qu'il avait écrit. Il n'y a pas de moralisation dans cette histoire, c'est douloureux, drôle, pathétique mais pas moraliste.

Ces nouveaux venus sur la Croisette ont visiblement touchés les journalistes présents. Une journaliste suisse a même été jusqu'à dire qu'Isabelle était la seule actrice, qu'elle avait vu jusqu'à présent, capable de reprendre le rôle d'Emily Watson dans " Breaking the Waves (Lars Von Trier) " ! !. Une carrière américaine en vue ? Je parle un anglais moyen mais pourquoi pas ! S'il le faut je m'améliorerai très vite !Mais je suis très bien en France.
Comédienne de théâtre avant tout, elle n'envisage pas d'abandonner les planches au profit du cinéma. J'aime les deux. J'ai besoin de ça pour exister. Je suis passionnée par le théâtre car on a le temps d'installer les choses, on contrôle beaucoup plus, on a un contact direct. Le cinéma c'est exactement le contraire.

Philippe Harel est aussi, entre autre le réalisateur Des randonneurs récente comédie à succès en France.
Quand a-t-il eu le temps de réaliser La Femme Défendue ?En même temps ! Du coup j'ai utilisé la même équipe ! En fait, je tournais les plans sous la neige " Des Randonneurs " le matin et l'après-midi ceux de " La Femme Défendue "...tout a été comme ça. Les deux mois de tournage en Corse pour " Les Randonneurs " ont été le seul moment de non alternance !

Techniquement, il est évident que ce film a intéressé mais c'est qui est certain ce matin au sortir de la Conférence de presse c'est que le charme, la fraîcheur et la performance d'Isabelle Carré ont énormément séduit les journalistes.
Pour ce qui est du jury, on verra Dimanche 18 Mai.


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