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Yves

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 26.06.2019


L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR LES NULS





« Yves a toujours les bons mots, au bon moment. »

Avec son nouveau long-métrage, Benoît Forgeard tente en vain de nous divertir.

Frigo connecté

Pour composer son premier disque, le rappeur Jérem va s’installer dans la maison de sa grand-mère. Il y rencontre So, enquêtrice pour la start-up Digital Cool. Elle persuade Jérem de prendre à l’essai Yves, un réfrigérateur intelligent qui doit lui simplifier la vie. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Avec son pitch, Benoît Forgeard séduit. Bien que loin d’être originale, son idée a du chien et surtout, elle est en phase avec notre temps. Potentielle satire d’un avenir pas si lointain, Yves tend dans une première partie à montrer les liens que l’on crée avec nos objets du quotidien. C’est la partie qui nous aura le plus marquée. Plus qu’un film sur un frigo, Yves traite différemment du rapport à notre environnement. Car Yves n’est pas que le frigo de Jérem. Les deux hommes développent rapidement une amitié complètement loufoque par moment mais globalement très comique.

Malheureusement, si cette quasi idylle a de quoi satisfaire, Yves se prend les pieds dans les différentes intrigues qu’il veut installer dans sa deuxième moitié. S’il va sans dire que Jérem et So sont destinés à développer des sentiments amoureux l’un pour l’autre, c’est la trop grande implication du frigo dans leur amourette qui a tendance à plomber l’ambiance. Pour montrer l’impact que peuvent avoir les objets connectés sur notre productivité, Benoît Forgeard se donne à fond. Mais au moment où il faut justifier l’importance donnée à ce trio amoureux jamais-vu jusque-là, le réalisateur de Gaz de France botte en touche.

Comédie sans rires ?

Tentative d’analyse de notre temps et de nos habitudes, Yves peine à convaincre à cause du caractère absurde de trop nombreuses situations. De cette déclaration d’amour un peu trop rapide, à ce passage à l’Eurovision sans oublier la battle finale, Yves enchaîne les éléments invraisemblables tout en voulant conserver son statut de film d’anticipation crédible. Ça ne tient pas longtemps la route ! Résultat : le spectateur est contraint d’assister lentement mais sûrement au naufrage d’une comédie qui se voulait complètement barrée mais qui se révèle juste différente.

Porté par des acteurs adorés du grand public (William Lebghil, Philippe Katerine, Doria Tillier), Yves est loin d’être un mauvais film. A l’image de cette géniale séquence de triolisme, Yves regorge de bonnes idées qui ne sont simplement pas toujours abouties. Plus encore, le film rassure par sa cohérence narrative et esthétique. Les intrigues partent dans tous les sens, pas forcément là où on le souhaiterait mais au moins elles avancent. « C’est déjà ça ! » serions-nous presque tentés de dire.

Présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs 2019, Yves manque son but dès lors que Benoît Forgeard s’intéresse plus à son frigo qu’aux personnages qui interagissent avec. En cette période de canicule, il ne devrait pourtant avoir aucun problème à trouver son public !

wyzman



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