Le top du gratin
Cannes - Le 9 Mai 1997 - 00h15'Tout d'abord Télé Star, hebdomadaire français qui a demandé quelles ont les acteurs et actrices que les frenchys préfèrent ? !
Deneuve (33%) et Depardieu (31%) dominent Belmondo et Sophie Marceau. Chez les étrangers Tom Cruise, Kevin Costner, Sharon Stone et Kim Basinger ont la cote. Basinger est en compétition pour L.A.Confidential. Enfin pour les 50 dernières années, de nouveau Deneuve semble incarner la star, devant Simone Signoret, Jean Gabin et Alain Delon.Côté réalisateurs, c'est Télérama qui a sondé ses lecteurs (très cinéphiles). Woody Allen arrive en tête, de très loin , et quelques que soient les générations. On retrouve parmi les plus cités François Truffaut, Alfred Hitchcock, Jean Renoir, Ingmar Bergman, Federico Fellini .
Les jeunes accrochent plus à Tarentino, Burton, Spielberg, ou Scorcese. Welles et Kubrick sont les favoris des 20-30 ans. A noter que c'est André Téchiné qui recueille le plus de suffrages parmi les cinéastes français.Bonjour la France !
Cannes - Le 9 Mai 1997 - 12h15'Western est le premier film français présenté en compétition, alors qu'il y a deux jours il était encore en salle de montage. Le film a reçu une salve d'applaudissements (avant même le début du générique) et de compliments.
Odyssée armoricaine de deux êtres en apparence très différents, mais si proche dans leur essence, deux "immigrés", un Russe et un Catalan, qui parcourent l'humanisme à travers des sujets universels.
La force du film de Manuel Poirier ne réside pas dans l'esthétique visuelle (même si l'on compte quelques beaux plans de cinémascope) mais dans son talent d'observation.
Ce regard posé sur les gens, l'amour, la vie et ses galères et ses joies, nos sentiments et nos angoisses, tout cet ensemble sonne juste. Ici le malaise rend mal à l'aise, et l'amour se respire...
Quelques éclats de rire ponctuent notre curiosité à découvrir l'itinéraire de ces deux paumés errants, en quête de leur Pénélope.
La réussite du film tient dans le naturel des acteurs, mais surtout dans le scénario, plein de trouvailles, entre vécu et imaginaire. L'histoire rebondit constamment comme une bulle de savon : légère, fragile, amère.
Totalement d'époque, cette oeuvre qui navigue entre philosophie et choix de vie, entre politique et société, n'est en rien marginale. Fidèle à ses thèmes, le déraciné Poirier lance un ultime poing en l'air avec un générique pro-immigration.Brèves
Cannes - Le 9 Mai 1997 - 12h45'
Malgré la très mauvaise presse (France Soir, Libération, Variety...), le film de Luc Besson, Le 5ème élément a réussi un très beau score à la veille d'un long week-end en France, avec 61 114 entrées dans 52 salles parisiennes (300 000 en France), ce qui le place devant Jurassic Park (58 000) mais derrière Independance Day (66 000).
Woody Harrelson étant en tournage actuellement, du côté de la Floride, il ne sera pas présent à Cannes pour la projection officielle de Welcome to Sarajevo, qui a lieu ce soir.
Tony Curtis est parti prématurément de Cannes pour Los Angeles, pour cause de problèmes de santé. Le comédien américain a donc annulé une interview pour France 2, sa participation à NPA sur Canal +, ainsi que certains galas. Il reste toujours la possibilité d'admirer (ou pas) ses tableaux à la Art World Gallery, rue des Belges. To X or not to X
Cannes - Le 9 Mai 1997 - 18h45'A la demande du Festival, Léos Carax a été invité à réaliser un court-métrage, qui a introduit l'Ouverture d'Un Certain Regard jeudi 8 mai.
En 4 parties, on y découvre des images de Cannes, sous forme de négatifs, puis des films de catastrophes naturelles. On sent le chaos, la révolte. La carte de France du Front National apparaît. Puis on sent la présence du jeune réalisateur, en proie au doute, au mal de vivre. Hymne aux soeurs (la sienne ?) avec des séquences super 8. La photo de Binoche. Le désir de raconter, de filmer. Les musiques s 'enchaînent : Léonard Cohen, Miles Davis, Scott Walker. L 'ultime chapitre est définit par l'en-tête " projet ". Guillaume Depardieu est seul , ou accompagné de Katerina Golubeva. Le prélude de Pola X, son prochain film , sous titré Hamlet's sisters. Et puis Catherine Deneuve, à qui il a du arriver quelque chose, roulant en Rolls blanche décapotable à travers la campagne. On est proche de l'apocalypse, il y a de la gravité dans l'air.La mort en direct
Cannes - Le 9 Mai 1997 - 21h00'Welcome to Sarajevo de Michael Winterbottom est un film qui accuse, avec cynisme (dans le bon sens du terme) et franchise. Le but était de réveiller nos consciences ? Réussi.
Pas très loin du JFK de Oliver Stone, le film mélange séquences d'actualités télévisées et histoire vraie filmée. Mais le manque de légèreté du film est augmenté avec le poids démagogique qu'il dénonce.
Le film en fait aurait pu être politiquement brillant s'il s'était concentré sur la guerre plutôt que sur un de ses faits divers, aussi atroce soit-il.
Mais voilà, à force de diriger sa caméra sur des images archi-médiatiques, sur des têtes d'enfants bosniaques, sur une télé ou des décideurs impuissants, Winterbottom se piège lui-même au jeu : il manipule par l'image un spectateur forcément horrifié par ces morts.
Pour preuve il nous met Clinton avant Bush dans sa chronologie, caricature - sans jamais l'analyser - l'impact d'une venue dans la ville de Sarajevo, et pire nous entraîne dans le fascisme idéologique de ces récentes années qui font culpabiliser les voyeurs que nous sommes.
Pire, il utilise les enfants pour mieux nous faire comprendre le drame bosniaque. Un mort, qu'il soit âgé de 10 ans ou de 60 reste un mort; et une victime de guerre.
Alors comme nous sommes plongés dans un drame réel, une sorte de condensé de la guerre civile yougoslave, nous ne pouvons que réagir par rapport aux mensonges des politiciens, aux illusions de nos sociétés, aux poids des médias.
Le film est habile, bien rythmé, mais aussi porteur de cliché. On en gardera donc toute l'ironie de son message, et son triste fatalisme.
V.C. Thomas
© Volute productions 1997