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© Ecran Noir 1998 |
LA VITA E BELLA Grand Prix du Jury 98
Réalisateur: Roberto Benigni
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Choc et chic Evidemment ça ne s'est pas fait sans une certaine controverse. 4 ans après le déjà remuant Il Mostro, il revient avec une histoire de Shoah sous le mode dit chaplinesque (mélange de tendresse et de rire dans le dico ciné). Un journaliste français a osé s'indigner en l'accusant de se moquer des victimes de l'holocauste. Un reporter américain a trouvé le film répugnant. Et un chroniquer britannique a trouvé l'hommage inadéquate. Dans le même temps la ville de Jérusalem et son festival lui remettait une médaille pour sa compréhension universelle de l'histoire juive. Et Miramax, propriété des hébraïques frères Weinstein, était fière (et le fit savoir) d'acquérir les droits américains du film. |
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Méfiance, défiance S'attaquer à un tel sujet ne fut pas simple. Benigni avoue: "J'ai adoré immédiatement l'idée mais elle m'a effrayé. J'ai donc essayé d'écrire quelque chose de différent." Cela lui a pris 10 ans. "Je ne pouvais pas m'arrpeter de penser à cette idée d'un homme heureux, dans un camp de concentration." Il a pris la précaution de faire lire sons cript au comité judao-italien. "Je ne voulais blesser personne ou offenser la mémoire des victimes de l'holocauste. Je voulais avant tout faire un film beau et poétique." |
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Surréaliste Il n'y a rien d'étonnant si le comédien a été plongé dans des univers aussi allégoriques ou symboliques, délirants ou fabuleux, comme Fellini ou Jarmusch... Son film en cela lui ressemble. Guido - son personnage - est bouillonnant, excentrique, champion des devinettes, poête, fabulateur. Il détourne la signification des choses jusqu'à transformer un séjour de la mort en club de vacances. Mais il n'oublit pas de révéler l'horreur au travers d'une image sensationnelle, un amoncellement d'os humains dans un broullard. "Dans le film je ne voulais pas montrer l'horreur des camps de concentration parce qu'on la connait déjà. Moins on montre, plus on imagine!" |
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Basic instinct "Je protége mon fils dans le film parce que c'est le premier instinct d'un père: protéger son fils." Et puis il y a toujours cette question récurrente: "Pourquoi?" "Guido était comme beaucoup de juifs en Italie. Ils ne savaient pas qu'ils étaient juifs avant que les fascistes ne décident de les capturer." Cette innocence se rerouve dans tous les films réalisés par Benigni. Et il reconnaît l'influence de Charlot. "Il a influencé tout ce que j'ai fait. Simplement tout." |
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De Chaplin à Benigni Premier comique à traiter d'un sujet aussi brûlant depuis le portrait hitlerien de Chaplin (1940), La Vita è bella est une fable selon son auteur. "Je suis un réalisateur, pas un historien, et mon devoir est d'inventer des histoires, alors je les invente complètement. C'est une fable inspirée d'une réalité." |