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SEUL CONTRE TOUS Prix de la Semaine de la Critique Prix Très Spécial Prix Mercedes Benz
Réalisation & Scénario : Gaspard Noé |
Critique En résumant de manière presque caricaturale, il s'agit de l'histoire d'un pauvre type que la malchance a jeté en prison puis dans la pauvreté. Il fini par sombrer dans le désespoir... et la bêtise. Il y a des scènes violentes comme les coups de poing donné dans le ventre de sa maîtresse enceinte. Il y aussi les retrouvailles avec sa fille, où l'on croit à sa rédemption, mais qui se termine par une relation incestueuse. Ainsi, ce film n'a rien de politiquement correct. Le cinéaste nous offre un cinéma extrême, tant dans le discours que dans les images. On entend ainsi en voix off les pensées intérieures du boucher. Lesquelles représentent en définitive un pot pourri de maximes existentialistes de bistrot (rejoignant certaines vérités fondamentales, mais faussées par leur simplisme et leur pessimisme presque maladif). On l'entend ainsi se dire : "Vivre est un acte égoïste. Survivre est une loi génétique". Toutes les rancoeurs qu'il ressent sont le fruit de la crise financière qu'il traverse. En outre, le débit ininterrompu de ses pensées laisse peu de place au spectateur pour formuler ses propres pensées. Ainsi, on fini par s'identifier au boucher, même si l'on est très loin de ce personnage. Quant à la forme, le réalisateur reprend ici les partis-pris formels de Carne. Il les pousse plus loin et plus fort de manière presque "pamphlétaire". Encore plus de "Boums" et de "Blams" sur la bande son. A un moment donné, Gaspard Noé joue même avec le public en affichant un panneau indiquant que "Vous avez 30 secondes pour abandonner la projection du film", indiquant par là la gravité des images à suivre. L'image elle-même interpelle: elle contient beaucoup de monochromatisme et d'effets de raccords en pixillation à l'image. Quant au choix de Philippe Nahon, il se révèle incroyable dans le rôle de cet homme paranoïaque qui se trouve entraîné malgré lui dans une descente en spirale. Sa voix forte et chaude laisse facilement bercer le spectateur dérangé ou emballé par le cinéma peu consensuel de Gaspard Noé. C'est un film de survie, où l'amour et la morale trouvent ici des connotations inhabituelles. |