1970 M*A*S*H de Robert Altman (E.Unis) Gros plan sur l'année 1970 Les Prix et Jurys

Après des débuts douteux, le réalisateur américain Robert Altman se voit primé à Cannes en 1970 avec M*A*S*H. Le film suit le quotidien d’un hôpital militaire pendant la guerre de Corée. Mettant en vedette Donald Sutherland, Tom Skerrit, Elliot Gould et Robert Duval, cette comédie hautement satirique s’attaque à la violence et à l’absurdité de la guerre. M*A*S*H s’inscrit à merveille dans la tradition du cinéma américain, alors qu’il reprend les thèmes connus, pour mieux les critiquer. M*A*S*H présente ainsi cette vie d’hôpital de guerre, pratiquement comme un film pour adolescent, un film High School. On a les gars hyper cool : Hawk Eye (Sutherland), Traper John (Gould) qui passent d’opérations délicates aux séances de flirt digne des plus grands Don Juan des 16 ans. Hey Babe!, s’écriront-ils bavant savamment devant leurs pulpeuses infirmières. Altman nous sert même un match de football…pendant la guerre! Il y détruit le mythe du héros guerrier pour le réduire en un vulgaire médecin obsédé sexuel. Toute cette démarche s’applique précisément à sa critique de la guerre. En tournant un film qui prend racine dans la guerre de Corée, il éclabousse au passage les aventures américaines, alors à leur point culminant, au Vietnam. Mais il ne montrera jamais la guerre, sauf pour la multitude de blessés qui aboutissent à l’hôpital. Cette démarche prouve, sans contredit, l’absurdité des opérations militaires, alors que les hommes sont complètement déconnectés des événements, sauf sur la table d’opération. M*A*S*H constitue donc une Palme bien mérité pour l’auteur américain. L’année soixante-dix n’aura vue aucun autre film s’imposer au festival. Le film marque également le début d’une série de films complètements délirants, cyniques et satiriques qui marqueront la carrière d'Altman. Souvenons-nous de The Long Goodbye, de Quintet, Brewster Mcloud et plus récemment, The Player et Short Cuts.

Joel Pomerleau